Nous citons encore, parmi les plus belle habitations de la Renaissance le célèbre château de Chenonceaux comme exemple d’habitation plus grandiose que la précédente, et qui doit a sa position pittoresque et a son style architectural une réputation justement méritée.
Le château de Chenonceaux n’était dans l’origine qu’un simple moulin élevé au milieu du Cher. Au XIIIe siècle c’était une châtellenie appartenant a l’ancienne famille de Marques. Un des membres de cette famille ayant pris parti pour le duc de Bourgogne contre le dauphin Charles, le château du traître fut rasé, et les bois qui l’entouraient coupés à «hauteur d’infamie. » Le roi Charles VII permit cependant à la famille de relever son habitation, qui, en 1460, devint, par achat, la propriété de Thomas Bohier.
La transformation de Chenonceaux est due à ce nouveau seigneur qui occupa de hautes fonctions sous Charles VIII, Louis XII et François Ier. Prenant exemple sur ce dernier roi, il fit de son manoir un « castel fleuronné, blasonné, flanqué de jolies tourelles, ajusté d’arabesques, orné de cariathiades, et tout contouronné de balconnades avec enjolivations dorées jusqu’au haut du faiste, et pavillons et tourillons diceluy chasteau, lequel est devenu royal et bien justement ».
Chenonceaux, Le Château
En effet, le fils de Thomas Bohier se vit enlever son château à peine achevé par François Ier, qui sans vergogne se l’adjugea en compensation d’une somme de 190 000 livres qu’il prétendit lui être due par Thomas.
Chenonceaux, ainsi mis au nombre des châteaux royaux, fut successivement habité par le connétable Anne de Montmorency, par la duchesse de Valentinois, Diane de Poitiers, par Catherine de Médicis. Cette princesse l’embellit encore, agrandit ses jardins et y donna de somptueuses fêtes. La veuve de Henri III en prit ensuite possession ; puis César de Vendôme et le duc de Bourbon y demeurèrent ; ce dernier céda enfin Chenonceaux en 1733 au fermier général Dupin. Le château devint alors le rendez-vous de tous les esprits d’élite et des femmes les plus élégantes de cette époque, qui vinrent se grouper autour de madame Dupin, femme aussi distinguée par son esprit, sa beauté, que par ses rares qualités. Chenonceaux n’est pas sorti de la famille de madame Dupin ; il appartient aujourd’hui à M. le comte de Villeneuve, son petit-fils.
