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l’Abbaye aux Hommes à Caen

Publi du mardi 19 mars 2013
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Ancienne abbaye aux Hommes, caen

Nous avons vu que la fondation de l’Abbaye-aux-Dames et de l’Abbaye-aux-Hommes était due à Mathilde de Flandre et à son époux, Guillaume de Normandie, par suite des conditions de dispense que le pape Victor II leur avait imposées.

L’église Ste-Trinité était déjà en construction que l’on s’occupait aussi d’ériger l’église St-Étienne : cette dernière fut terminée un peu plus tard, en 1077, à cause des préoccupations du départ de Guillaume pour la conquête de l’Angleterre, comme aussi peut-être à cause de l’étendue bien plus considérable de ce dernier édifice. Guillaume laissa à Lanfranc, en lui conférant le titre d’abbé de St-Étienne , le soin d’achever l’œuvre commencée : ce qui eut lieu suivant les ordres de Guillaume et avec la plus grande magnificence.

Ancienne abbaye aux Hommes, caen

Ancienne abbaye aux Hommes, caen

Ce ne fut cependant que le deuxième abbé de St-Étienne, Guillaume-Bonne-Ame (fils de Radbode, évêque de Séez de 1025 à 1032), qui assista, en 1077, à la dédicace de cet admirable monument. La solennité fut présidée par l’archevêque Jean d’Avranches, entouré des évêques ses suffragants et d’un grand nombre d’abbés et de seigneurs, et eut lieu en présence du roi, de la reine Mathilde, de leur fils Robert, de Lanfranc, archevêque de Cantorbéry, et de Thomas, archevêque d’York. A côté de la grande charte de fondation furent placées sur l’autel les autres chartes que, à l’exemple du roi, les vassaux avaient déjà faites , et auxquelles les richesses dues à la conquête leur permettaient d’ajouter de nouveaux dons.

Nous allons emprunter, relativement à la description de l’édifice, quelques lignes à l’ouvrage de M. Hippeau, l’Abbaye de St-Étienne de Caen, 1855.

On lit dans la seconde partie:

« L’église avait autrefois trois absides. On voit encore celle qui s’ouvrait au transept méridional. Les collatéraux qui garnissent la nef se prolongent au-delà des transepts, et font le tour du chœur où se voient seize chapelles, dont huit ont été fondées et dotées par l’abbé Charles de Martigny, évêque de Castres, et dont la présentation était réservée au prieur. Au collatéral du nord est accolée une autre chapelle plus considérable, construite au XIVe siècle par Philippe Hallebout, dédiée à Notre-Dame, à laquelle étaient attachés quatre chapelains à la nomination de l’abbé »

« On connaît d’une manière plus précise l’époque à laquelle a été construite la grosse tour du milieu, qui remplace assez lourdement une haute tour à pyramide, semblable aux deux qui ornent la façade occidentale et qui existait encore en 1684. Déjà détruite une première fois et rétablie au temps de la deuxième invasion des Anglais, elle s’écroula en partie après 1562 et, vers l’année 1705, elle fut rétablie dans la forme que nous lui voyons aujourd’hui ».

« Parmi les seize chapelles qui ornent le pourtour du rond-point, la première que l’on trouve à droite, immédiatement après la grille, a été convertie en , sacristie par D. Jacques de Pudecottes, qui la fit clore par une très-belle boiserie. Elle est située dans le transept du sud. Elle était dédiée à saint Edmond et à saint Thomas. C’est par elle que les religieux passaient de leur cloître dans l’église ; elle se distingue de toutes les autres par son étendue et l’élégante proportion de ses voûtes »

Caen, l'Abside de l'Eglise Saint-Étienne, Abbaye aux Homme

Caen, l’Abside de l’Eglise Saint-Étienne, Abbaye aux Homme

« Jean de Baillehache, qui parvint à sauver le plus bel ornement de l’église, le fit reconstruire presque entièrement, comme nous l’avons raconté. Les huit petites tourelles qui accompagnent si gracieusement chacune des deux pyramides occidentales n’existaient plus. Il fallut les réédifier. Le haut de l’une de ces pyramides (celle du nord) s’était écroulé. Mais la réparation la plus urgente était celle de la grosse tour du milieu de l’église, qui, tombée en 1566 par la faute d’un sénéchal de l’abbaye, Jean Laurent dit Le Goullu, avait été cause a de la plus grande partie du désastre. Le sénéchal avait fait couper, pour les enlever, des sommiers d’une masse et d’une pesanteur énormes, qui, tombant avec fracas, ébranlèrent tellement la tour que l’escalier s’écroula et entraîna avec lui une grande partie de la voûte. Les cloches qui étaient établies dans cette tour furent alors transportées dans l’une des pyramides. L’antique charpente sur laquelle elles portaient fut, d’après un procès-verbal que nous avons sous les yeux, remplacée par une autre, attendu qu’elle était d’une dimension trop petite. Il s’en faut bien que la tour actuelle donne l’idée de ce qu’elle était autrefois, lorsque, se dressant au milieu de l’église, elle dominait les deux pyramides de la façade occidentale, dont elle avait la forme , mais qu’elle dépassait de près de 40 pieds. On reconstruisit aussi, à la même époque, la clôture en pierres de taille qui fermait le chœur et contre laquelle devaient s’appuyer les stalles. La nef fut séparée du chœur par un autre mur qui coupait l’église en travers et au milieu duquel dut être construite une porte en pierres de taille de neuf pieds et demi de hauteur sur seize de large. Il avait fallu réparer l’église dans toute son étendue »

Lorsqu’en 1790, le prieur D. Mesnilgrand fit à l’Assemblée nationale le rapport qui lui avait été demandé sur le temporel de l’abbaye, il fit précéder le compte-rendu qu’il fournit de quelques indications historiques qui nous permettent de constater la situation dans laquelle se trouvait l’église à cette époque.

L’église, dit-il, venait d’être, 15 ans auparavant, regrattée tout entière au marteau et au ciseau. Le chœur fut alors pavé en entier en marbre de bleu de Turquin et de bleu veiné de Gênes, et le sanctuaire en compartiments de différents marbres. Ceux qui forment le tombeau de l’autel sont précieux. Les bronzes qui le décorent, exécutés dans le même temps, par Hervieu, ont coûté seuls 22,000 fr. Les dépenses de cet embellissement et des réparations qui ont été faites à la même époque, montent à près de 80,000 fr.

En 1745, on y plaça un des orgues les plus complets du royaume. Le devis seul était de 54,700 fr., et les différentes additions successives qu’on y a faites montent à 60,000 fr

La nef fut pavée de nouveau en 1765. La sacristie a été achevée en 1773.

Le tombeau de Guillaume-le-Conquérant, décrit par M. de Bras et brisé en 1562 par les Calvinistes, dut occuper primitivement une place voisine de celle où se trouve aujourd’hui le lutrin.

Les quelques ossements que l’on avait pu recueillir après l’année 1562 furent placés, en 1642, par Jean de Baillehache, dans un nouveau tombeau plus simple, semblable à celui que l’abbesse Anne de Montmorency rétablissait, à la même époque, dans l’église de Ste-Trinité, en l’honneur de la reine Mathilde.

Une ordonnance de Louis XV, du 2 décembre 1742, autorisa Louis-Arnaud de La Briffe, intendant de Caen, à faire établir le cénotaphe dans le milieu du chœur.

Ancienne abbaye aux Hommes, Cette église, dite Abbaye aux Hommes, fut fondée en 1064 par Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, qui voulait en faire le lieu de sa sépulture

Ancienne abbaye aux Hommes, Cette église, dite Abbaye aux Hommes, fut fondée en 1064 par Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, qui voulait en faire le lieu de sa sépulture

Ce nouveau tombeau fut encore détruit en 1793.

Aujourd’hui, les cendres du Conquérant reposent M au milieu du chœur, à l’endroit où, sous l’administration du préfet Dugua, en 1802, fut posée une pierre de marbre blanc, sur laquelle on lit l’inscription suivante :

Hic sepultus est Invictissimus Guillelmus Conquestor,

Normannorum dux Et Angliae rex,

Hujusce domus Conditor,

Qui obiit anno ML XXXVII.

Espérons que la grande ombre de Guillaume, si souvent troublée, ne sera plus exposée à de nouveaux outrages, et qu’elle pourra jouir enfin de ce droit à la paix du tombeau, qui devrait du moins être assurée à ses restes mortels !…

L’entrée de l’abbaye se trouvait vers le milieu de la place actuelle de l’Ancienne-Boucherie. C’était un vaste portique, des deux côtés duquel s’élevaient deux tourelles que surmontaient des salles et des greniers, sur une étendue de 42 pieds de long sur 20 de large. Les deux portes voûtées qui s’ouvraient à cette entrée introduisaient dans une cour oblongue qui conduisait aux secondes portes, situées le long du local occupé aujourd’hui par les gendarmes. Parmi les appartements qui se trouvaient au-dessus des secondes portes, il y en avait un que l’on appelait la chambre à coucher du duc Guillaume. Elle existait encore en 1750, à l’époque où Ducarel fit son voyage en Normandie. Dans cette chambre, on voyait anciennement un portrait du duc, sur lequel les moines ignorants ou ingrats, dit le savant anglais, avaient fait passer une couche de blanc, ainsi que sur le reste de la salle. La femme du portier avait demandé et obtenu la permission d’effacer le blanc mis sur le portrait, et, par ce moyen, un des plus anciens tableaux connus, selon l’opinion des moines, avait été préservé de la destruction et rendu à la curiosité des étrangers, moyennant une légère rétribution qu’exigeait le portier. Lorsqu’en 1790, un corps-de-garde fut établi dans cet appartement, on eut soin de faire couvrir de planches cette fresque précieuse, que nous espérions retrouver dans la maison qui existe encore aujourd’hui du côté opposé au logis occupé par les gendarmes. Nous avons malheureusement trouvé un nouveau mur construit à la place de l’ancien par le propriétaire, qui nous a assuré que la peinture murale était exactement la même que celle d’un portrait que l’on peut voir encore à la « sacristie de St-Étienne. »

II est regrettable, à un certain point de vue, qu’il ne soit resté de l’église Ste-Trinité qu’une faible partie des constructions primitives, parce que sans doute on aurait pu constater des différences dans les détails de l’architecture de ces deux monuments, terminés à neuf années d’intervalle ; on peut remarquer, en effet, quelques nuances dans l’ornementation des chapiteaux des piliers de la nef de St-Étienne et celle des chapiteaux de la crypte et des tours de Ste-Trinité. La différence est plus notable encore entre les chapiteaux des piliers de la nef de Ste-Trinité et ceux des parties correspondantes de la nef de St-Étienne : ceux-là , nous l’avons, vu , appartenant probablement à une seconde œuvre.

Le chœur de S’-Étienne est d’une époque plus récente que les autres parties de l’église. On ne connaît pas la date de sa construction ; mais le style de son architecture, quoi qu’assez original, est loin d’être d’un goût irréprochable et indique le XIIIe siècle. On est d’autant plus fondé à le supposer qu’on remarque, à l’extérieur du mur de la chapelle de la Vierge, une inscription gravée sur le lieu de sépulture de l’architecte Guillaume, auquel est due la construction de cette partie de l’église. Malheureusement cette inscription ne porte pas de date, mais le caractère des lettres qui la composent appartient aussi au XIIIe siècle.

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