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Patrimoine et Total, deux poids deux mesures

Publi du dimanche 1 avril 2012
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Vu par les yeux de Adolphe Joanne (chroniqueur géographique et historique du XIXe siècle) en 1867 le village de Donges en Loire Atlantique prend une couleur agréable et on s’imagine presque s’y promener en toute quiétude.

La réalité de Donges au XXIe siècle est toute autre et les traces historiques de sa vicomté sont en train de disparaître sous l’action du profit et des intérêts financiers. Comme un dernier rempart face au rouleau compresseur de la firme Total un Manoir du XVe siècle, fait de la résistance.

Donges par Adolphe Joanne

Donges, chef-lieu d’une commune de 3055 habitants, est situé au sud des marais auxquels il a donné son nom, entre le chemin de fer et la Loire. Les bateaux à vapeur de la basse Loire y font escale et le mettent en communication journalière avec Paimbœuf. Son petit port est abrité par la chaussée Halgan, construite en 1822. L’église offre quelques parties qui remontent à l’époque romane. Dans le bourg, se voit aussi un monument curieux du moyen âge; c’est l’ancien auditoire, où se rendait la haute justice de la vicomté de Donges. Près du chemin de fer, à droite, sont les ruines de l’église du prieuré de Notre-Dame, qui, fondé au XIe siècle, dépendait de l’abbaye de Marmoutiers. Ces ruines consistent dans le mur nord de la nef, percé de fenêtres en meurtrières, et dans quatre arcades à plein cintre, qui devaient soutenir le carré central de l’église, et que surmonte une flèche en ardoises, beaucoup plus moderne , servant de point de repère aux marins qui entrent en Loire. Le château fort de Donges a été rasé dès le XIIe siècle. Deux ponts bâtis sur pilotis, l’un dans les marais, l’autre sur la petite rivière du Bas-Brivet, sont attribués aux Romains.

Donges est la patrie du poète Boulay-Paty, dont le père, jurisconsulte distingué, y est enterré, et du vice-amiral Halgan.

Ce bourg fait un commerce assez important de vins, de bestiaux, de froment, et surtout de sangsues, qui s’exportent jusqu’en Angleterre. Ces sangsues sont nourries dans les marais voisins, que les eaux de la Loire recouvrent chaque hiver. Tapissés d’une éclatante verdure au printemps, ces marais se convertissent l’été en une croûte aride, toute brûlée et gercée par le soleil. De nombreux canaux les sillonnent. Çà et là se dressent des buttes à base granitique, qui forment sur l’étendue de la plaine comme autant d’îles fertiles où se sont groupées des maisons. Ces buttes sont reliées entre elles par des chaussées pavées dont des croix de fer indiquent la direction.

C’est dans ce pays à demi sauvage que la veuve de Lescure, devenue plus tard Mme de la Rochejacquelein, erra longtemps, déguisée en paysanne, après la destruction de l’armée vendéenne à Savenay.

De Donges, on aperçoit déjà Saint-Nazaire qui se montre de nouveau, à la sortie d’une tranchée rocheuse, où le chemin de fer s’engage en quittant la station, près du prieuré de Notre-Dame. On traverse ensuite un des principaux canaux d’écoulement des marais, en décrivant une courbe vers le nord-ouest.

Donges de nos jours

Menhir de la Vacherie

Menhir de la Vacherie

Comme vous pourrez le découvrir dans cet article dédié à Total et parlant de sa fondation pour le patrimoine, certains bastions ont déjà capitulé devant la poussée des intérêts financiers que représente le pétrole, et d’autres, comme le manoir de la Helardière, risquent de suivre le mouvement au nom des « intérêts collectifs importants » qui nous coûtent plus pour notre âme qu’ils ne nous apportent en bien-être réel.

Le menhir dit de la Vacherie, autrefois utilisé comme repère par les marins et étudié par les monuments historiques, n’est plus qu’un caillou coincé entre les cuves de la raffinerie de Donges et les légendes si chères à ce pays ne sont plus que des vieux radotages sans fondement puisqu’aucune réalité ne fait plus écho à leur récit.

Porteur d’activité, la raffinerie de Donges doit-elle pour autant balayer l’histoire et l’âme d’un pays tout entier après l’avoir mazouté à plusieurs reprises ?

C’est une question à laquelle il vous appartient de répondre (pétition en ligne) au travers du combat que livre Viviane Bosse-Perus pour sauver le manoir de la Helardière.

Crédit photo : Viviane Bosse-Perus et Patrimoine de France.


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